top of page

Les rêves dans la grèce antique

Dans la mythologie grecque, les songes ont leurs propres divinités, les Oneiroi. Aussi bien les philosophes que les médecins grecs se sont intéressés aux rêves et à leurs sens.
Dans la Grèce antique la représentation des dieux se stabilise. 
Nous passons alors des dieux animaux et instinctifs de l'Égypte, au dieux humanisés de la Grèce.
Les Égyptiens avaient mis en place cette évolution : déjà, les dieux directeurs (Osiris, Isis) possédaient figure humaine.

Ils ont ainsi évolué pour devenir des dieux totalement anthropomorphes. Personnification des forces qui gouvernent le monde, ils ont acquis les qualités, mais aussi les défauts des humains.
Cette transformation montre que la raison humaine continue à investir le monde de l'inconscient, jusqu'à le remplacer...
L'incubation, du latin incubatio (sommeil du temple en latin) qui signifie «dormir dans le sanctuaire» se pratiquait dans des grottes. Dans l'incubation thérapeutique, les malades se rendaient dans un temple dédié au dieu de la médecine et s'étendaient sur une peau d'animal, dans l'adyton, pour y dormir, après avoir reçu les instructions des prêtres leur recommandant d'être particulièrement attentifs à l'aspect qu'aurait le visage du dieu si celui-ci leur apparaissait en rêve. Ces oracles peuvent être transmis aux mortels par les songes, après une nuit passée dans le temple à même le sol.

Un dieu un peu à part est Morphée. Morphée, selon la mythologie grecque, était le fils d'Hypnos, dieu du sommeil, et de Nyx, déesse de la nuit, et lui-même est le dieu des rêves et des songes.
Son nom signifie " celui qui transforme " ou " celui qui reproduit les formes ". Il apporte le rêve aux dormeurs en prenant la forme des différents êtres humains qui apparaissent dans les songes des dormeurs. Il est le Dieu capable de révéler aux hommes des secrets. On est dès lors tenté de penser que Morphée emmenait les dormeurs dans ses bras et les emmenait à coups d'ailes vers le pays des songes. 
Mais il sera foudroyé par Zeus pour avoir communiqué des secrets aux mortels.
Ainsi, la partie individuelle, adaptable et transformable, de la psyché peut nous faire connaître des secrets. Elle révèle alors sa fonction intuitive. Toutefois, cette partie n'a pas le droit de s'exprimer totalement, elle ne peut pas révéler tous les secrets.
En pratique, le rêve peut être oublié si la raison qui reprend ses droits au réveil refuse d'en prendre conscience.
Maints écrivains à l'époque de l'Antiquité grecque ont émis des théories sur les rêves;
Selon Platon (428 - 427 av. J.-C.) et Socrate (Ve siècle av. J.-C.), le rêve est un lieu où les désirs honteux, réprimés le jour, se réalisent.
De plus, dans ce même domaine , nous trouvons une figure clé de la Grèce antique, le médecin grec Hippocrate (460 av. J.-C.-370 av. J.-C.), auteur du Traité d'hygiène ou l'Art de prévoir les maladies du corps humain par l'état du sommeil, qui affirme que les rêves avaient qualité d'avant-coureurs concernant l'état de santé d'une personne. Le traité étudie aussi les rapports entre les contenus oniriques et les diverses maladies. Par exemple, rêver d'une mer agitée peut signifier des meux de ventre.
D'autre part, Artemidore de Daldis, a condensé dans un ouvrage dont Freud s'est inspiré, L'Onirocriticon ,tout le savoir de l'époque sur la divination par le rêve.
Cet auteur grec distingue diverses catégories de rêves, selon qu’ils sont prémonitoires ou non, que leur réalisation est immédiate ou non, et selon qu'ils impliquent le rêveur ou sa famille, la société ou l'univers.

Artemidore de Daldis établit une classification qui distingue les songes abstraits, les songes concrets, et les songes symboliques. Nous retrouvons avec lui la notion de déplacement, chère à Sigmund Freud. Le déplacement est l'explication que quand ce que l'on appelle en psychanalyse le moi conscient, ne sait comment traiter un problème, il déplace ce problème dans un autre type de représentation. Le rêve cache les désirs sous les symboles. 

Il estime aussi que le rêve ne se trompe jamais. En effet, pour Artemidore, le rêve est, par définition, toujours vrai, mais, du fait de son caractère symbolique, il peut être mal interprété. Pour expliquer cela, il évoque « le songe du capitaine de navire qui, égaré à la suite d’une tempête, s’était vu en rêve demander s’il arriverait jamais à Rome. La réponse avait été " ου", qui signifie « Non ». Or, ce capitaine était pourtant bien arrivé à Rome, mais 470 jours plus tard. Était-ce une erreur ? 
Non, explique Artémidore, car, dans le système de notation mathématique employé en grec, « ου » est constitué de deux lettres, la lettre omicron qui vaut 70 et le upsilon qui vaut 400, le tout faisant bien 470.»

Nous pouvons donc conclure que les grecs considèrent que la pensée rationnelle représente désormais les dieux sous une forme humaine.
Le rêve peut-être abstrait, symbolique ou au contraire très clair. Et, en ce sens, l'inconscient montre bien sa capacité à générer toutes sortes d'images que notre pensée rationnelle devra interpréter.
Il peut cacher un secret, et même travestir son sens. A l'inverse, il peut également livrer un secret. Toutefois, si ce secret fait partie des interdits sociaux, le rêve sera ignoré.
Le rêve pourrait ne jamais se tromper, mais notre inconscient apporte des réponses que notre raison ne peut pas toujours interpréter. Le rêve permet en tout cela l'accession à la révélation divine. En ayant créé des dieux à leur image, les grecs de l'Antiquité semblent les avoir rendus plus accessibles à la compréhension.

bottom of page